La
lumière évoque le sacré,
au-delà de la matière, Art matière, on peut voir
l'oeuvre de Jean Suzanne d'une autre
manière encore, car la lumière en l'
occurrence est un matériau, mais bien plus que
cela.
Chez ce sculpteur, les symboles, les connotations,
les rythmes sont innombrables. La lumière, surtout
dans les grandes pièces d'inox, apparaît comme la
manifestation extrême d'une dématérialisation. La
sculpture possède plusieurs vies matérielles et
immatérielles, les captations de la lumière, les
oppositions de matières, acier noirci-inox, bois,
ciré-étain, pierre-bronze, en créant des espaces
tangibles et intangibles (ombre / lumière) ; pousse
le spectateur à des recherches d'angles et provoque
la kinesthésie. La lumière intangible crée des
espaces et des volumes impondérables, on s'approche
du concept Perception/logique/sensation. Cette
interprétation n'est pas gratuite, car la lumière
plus que tout autre élément, évoque le spirituel, le
sacré.
Dans l'oeuvre de Jean Suzanne, dans la sculpture
comme dans l'oeuvre peinte et les collages, la
sensualité est maîtrisée, transcendée, calme,
favorisant ainsi une approche tranquille,
sereine.
Suzanne propose des architectures expansives,
conquérantes, ascensionnelles. Beaucoup de ses
formes, ailes déployées qui ramènent au centre,
gerbes acérées qui explosent de ce centre,
méga cristaux issus d'une géologie antérieure à la
connaissance de ce monde, nefs de bronze pour
fleuves de mercure immobile, horizons illimités, ses
formes sont connues de la mémoire primordiale,
de l'inconscient, ainsi elles maintiennent dans
l'état d'interactivité proche, et du calme, et
de l'inquiétude.
L'oeuvre de Jean Suzanne rend compte de la dimension
épique du personnage, de ses rêves. Il mesure
ainsi la médiocrité des moyens mis à la disposition
de l'artiste contemporain pour son expression,
ses conquêtes. Suzanne ne travaille pas pour lui, il
fait part de son énergie, de ses inquiétudes,
il témoigne, c'est un héro positif, car il ne veut
pas que ça se sache. Il présente
rationnellement ses recherches, sans aucune
théâtralité, articulant les formes cristaux
chronologiques, à la peinture, séquences analytiques
où il peut comparer la lumière.
Il fait l'apologie d'une phrase du CORBUSIER,
"L'utile n'est pas le beau", cet aphorisme
typiquement moderne est résultat de la polémique
opposant Architecte et Artiste, le second invente, "
l'espace indicible", l'Art retrouve ses droits comme
pure création de l'Esprit.
On découvre chez Jean Suzanne, une fascination pour
la "Machine", un peu constructiviste, très poétique.
Le passé est nourri d'ordre, d'exactitude, de
mathématiques, et ce système d'analogie contribue à
la définition formelle du Pur.
Sacré, pur, calme, voilà des qualificatifs qui vont
rarement à l'Art Contemporain, (il est bon de le
souligner). Son oeuvre oscille entre les
illuminations spatiales d'un visionnaire, voyageur
du silence, et les exactitudes, le formalisme de
celui qui mesure le temps, la matière, sa
transformation, sa cristallisation.
Ebloui, il avance dans une mer de sables ocre,
déposant les bornes d'un nouvel Age sur un horizon
réinventé ...
Il est léger, dans sa besace, j'ai trouvé un compas,
un pied à coulisse, un recueil inédit de poèmes
d'Amour.